Puzzle n° 16
Giovanni Bellini (1425-1516)
Initié aux beaux-arts par son père, lequel, fondé sur les canons esthétiques du gothique international et de la peinture byzantine, avait déjà été sensible aux apports de la première Renaissance venue de Florence – Giovanni Bellini (1425-1516) a été influencé par le peintre Andrea Mantegna (1431-1506), son beau-frère…
Fixant de fausses voûtes sur des piliers en trompe-l’œil pour réaliser de très imposants décors muraux, Mantegna avait inventé une architecture feinte conçue pour les églises et les bâtiments publics ; puis apporté la dimension du fantastique dans ses tableaux – en créant un illusionnisme spatial…
Ensuite, Giovanni Bellini a fait la rencontre providentielle du peintre sicilien Antonello de Messine (1430-1479), lequel avait étudié la peinture flamande, et, séjournant à Venise entre 1474 et 1476 – a révélé au vénitien la lumière et un nouveau tonalisme grâce à l’utilisation de la peinture à l’huile…
Nommé peintre officiel de la République de Venise l’an 1483, Bellini aura profité de son statut privilégié au sein d’un État laïc pour émanciper l’art du portrait des conventions religieuses, cessant de faire référence (allégeance) aux personnages divins, pour représenter des individus de la société civile…
Chargé de portraiturer les doges et autres magistrats représentant les plus hauts personnages de l’institution laïque, Giovanni Bellini, tout en dévouant son pinceau à sa patrie – n’en a pas moins continué, simultanément, à peindre pour l’Église, et aussi pour une clientèle privée…
Créatures célestes dans les trois religions du Livre, les anges de Bellini, cependant, peintre naturaliste, auront désormais l’apparence des enfants de la République de Venise – quand la Vierge Marie représentée par l’artiste de la Renaissance ressemblera à une jeune mère citoyenne de Venise…
Poussant l’audace jusqu’à peindre une femme libre de toute référence à la religion chrétienne ou bien à la mythologie gréco-romaine, Giovanni Bellini, l’an 1515 (soit l’avant-dernière année de sa vie), n’a plus représenté la Vierge Marie ou une déesse – mais bien une femme libre…
Bellini, avec ce tableau qui a pour titre Jeune femme nue au miroir ou Jeune femme à sa toilette, a révélé les mœurs d’une citoyenne de la République de Venise et créé l’image prototype de la Vénitienne, qui, après la Révolution française, devait évoluer vers le concept de La Parisienne…
Peintre officiel de la Sérénissime durant 33 ans, Bellini aura prolongé son action en faveur de l’art profane au cœur du Quattrocento (le quinzième siècle en italien) en enseignant son art à Giorgione (1477-1510) et Titien (1485-1576) – et, ainsi, participé à l’avènement de la peinture moderne…
Exposition GIOVANNI BELLINI
Influences croisées
Du 3 mars au 17 juillet 2023
Musée Jacquemart-André
158 boulevard Haussmann
75008 Paris
https://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/giovanni-bellini
Jeune femme nue au miroir ou Jeune femme à sa toilette, 1515
Par Giovanni Bellini
(1430-1516)
Musée d’art moderne
(The Kunsthistorisches Museum)
Vienne, Autriche
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