Puzzle n° 5
1917 : UNE EXPOSITION MODIGLIANI INTERDITE POUR OUTRAGE AUX BONNES MŒURS
Berthe Weill (1865-1951) a été la première femme, la première marchande d’art à ouvrir une galerie à Paris – à Montmartre, l’an 1901 ; les impressionnistes s’essoufflant, la galeriste avait choisi de soutenir les artistes les plus anticonformistes du moment ; à savoir, entre autres, les avant-gardistes Picasso, Braque, Matisse, Bonnard, Dufy, Valadon, Laurencin…
Ensuite, l’an 1917, après avoir déplacé son activité au 50, rue Taitbout, dans le neuvième arrondissement de Paris, la galerie B. WEILL aura exposé des œuvres du peintre Amedeo Modigliani (1884-1920).
Outre ses portraits de la bohème intellectuelle parisienne, pour tenter de faire enfin décoller sa carrière, le peintre italien connu pour ses déboires alcooliques et sa toxicomanie, avait commencé à peindre des nus féminins… – Conquise par le renouvellement du genre réalisé par le peintre figuratif, Berthe Weill avait alors décidé de présenter ces œuvres conjointement aux travaux antérieurs de l’artiste.
Commerçante, pour booster sa prestation, la galériste avait accroché un nu de Modigliani dans la vitrine de sa galerie ; ce lieu d’exposition se trouvant faire face au commissariat de police… – Mais bientôt, alerté par les riverain(e)s, quant au scandale provoqué par ce rendez-vous artistique qui avait été inauguré lors d’un vernissage le 30 décembre 1917, le commissaire de police a convoqué la galeriste qui aura dû traverser la rue sous les insultes (sexistes et/ou antisémites) pour se rendre à cette convocation.
Le haut fonctionnaire avait alors ordonné à la marchande d’art de décrocher tous ces nus, sous peine de poursuites – au motif que cette exposition constituait un outrage aux bonnes mœurs, et, un trouble à l’ordre public. La raison de cette injonction était la suivante : le peintre avait représenté des poils sous les aisselles de ses modèles, et, pire encore, sur le mont de Vénus de ces femmes posant en majorité allongée – et, dans des positions lascives, leur toison pubienne.
Rien de nouveau en la matière. Avant la galeriste Berthe Weill et le peintre Amedeo Modigliani, bien des artistes avaient connu ce genre de censure : les poils sexuels étant liés à la puberté, au moment où le désir sexuel s’éveille…
– Ainsi, en peinture, l’absence de poil aura-t-elle longtemps garanti la bonne correspondance avec la transcendance ; les anges, les archanges et autres déesses étant toujours – obligatoirement – représentés imberbes ; c’était, dans ce répertoire de forme qui avait encore cours durant la Grande Guerre, en l’occurrence ici l’an 1917, l’équivalent de la pureté et de la perfection. Depuis notre antiquité grecque, dans l’art occidental, il avait toujours été inconcevable que le corps humain – qui plus est le corps féminin : fût représenté autrement que lisse et imberbe.
Ce tableau Nu couché (sur le côté gauche), 1917 Par Amedeo Modigliani (1884-1920) est conservé au : Collection privée
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